Mais plutôt que de son enfance, durant laquelle il fut élevée par sa mère, mais aussi par ses entraîneurs, parlons de
basketball. Si peu d’hommes sur cette planète disposent de la mémoire eidétique de LeBron James, aucun ne l'additionne avec un physique aussi affûté : 2,06m, 113 kilos de muscles mais aussi une vitesse létale qui peut transformer le bonhomme en char d’assaut.
Mieux encore, toute sa vie,
le King a tenu à développer ces deux aspects essentiels que représentent le corps et l’esprit, jusqu’à leur paroxysme. Sa mémoire est innée mais ne pensez pas qu’il ne la met pas sans arrêt au défi. De l’autre côté, son physique aussi est en grande partie lié à la génétique. Ceci dit, il passe des heures et des heures en salle de muscu pour le sculpter. Là, à peine six jours après son titre 2020, il postait sur les réseaux des vidéos de lui en train de pousser de la fonte.
#BourreauDeTravail
Alors quand tu possèdes l’intelligence de jeu, le physique et l’éthique professionnelle, comment ne pas devenir une légende dans ton domaine ? Malheureusement pour LeBron, tout ne fut pas si simple. Le
basket n’est pas un sport individuel. On a beau tout faire pour se maintenir au top, il sera impossible de gérer l’intégralité des paramètres collectifs. En parallèle, pour être une légende, il faut faire les bons choix, il faut être adulé par son public… Et pour LeBron, ça n'a pas toujours été le cas.
Entre le moment de sa
draft en 2003 par Cleveland et son départ en 2010 pour
Miami Heat, James n’a pas suivi le chemin le plus simple. Si individuellement, il faisait péter tous les records de précocité de la NBA, collectivement ce n’était pas la même. Il faut dire que quand tes meilleurs coéquipiers se nomment Zydrunas Ilgauskas, Mo Williams, Larry Hughes, Carlos Boozer ou Drew Gooden (allez on peut ajouter un
Shaquille O’Neal de 37 ans), ce n’est pas simple d’aller au bout face à des escouades comme les Spurs (Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili), les Celtics (Kevin Garnett, Paul Pierce, Ray Allen), les Pistons (Chauncey Billups, Rasheed Wallace, Ben Wallace) ou les Lakers (Kobe Bryant, Pau Gasol, Ron Artest). Malgré tout, il porte ses Cavaliers jusqu’aux finales NBA en 2007. Et même si cette aventure se conclut par un sweep décevant face aux Spurs (4 victoires à 0), mener une franchise si haut, à seulement 22 ans quand personne parmi ton supporting cast ne dépasse les 15 points par match, c’est un exploit fou.
Mais vous connaissez la NBA et vous connaissez les haters. Seule la victoire compte et il n'existe pas d’excuse lorsque l’on n’atteint pas le succès promis. Pire encore, la méchanceté arrive vite lorsque l’on déçoit tout un peuple comme il le fit en 2010 avec The Decision. L’histoire vous la connaissez : dans un show télévisé, LeBron annonçait fièrement (et de manière assez maladroite) son départ de Cleveland. L’objectif ? Rejoindre Dwyane Wade et Chris Bosh à Miami pour remporter des titres. Lui, le
kid de l’Ohio, délaissait l’équipe qui l’avait drafté pour aller gagner ailleurs. Vous imaginez que ça a provoqué le courroux des fans. Huées, maillots brûlés, menaces de mort, tout y est passé. Alors, quand en 2011, il passe complètement à côté de sa finale face à Dallas, le King est mis plus bas que terre. Si son palmarès individuel commençait à devenir épique, son palmarès collectif lui, restait vierge, ce qui forcément était problématique aux yeux du public, notamment dans les conditions de son arrivée à Miami.
C'est à ce moment-là que LeBron James entame son plan de rédemption que les épiciers diviseront en 3 phases.
Pour la première, il remporte les deux titres suivants avec Miami, tout en glanant à chaque fois le trophée de MVP et le trophée de MVP des finales. Niveau domination individuelle et collective, difficile de faire mieux. Alors malgré une défaite en finale en 2014, à nouveau face aux Spurs, il est temps d’entamer la phase 2.
Maintenant qu’il a appris à remporter des titres en Floride, il était temps de ramener la coupe à la maison (
les épiciers nient toute responsabilité si une chanson entêtante vient d’apparaître dans votre esprit). Ainsi, en retournant à Cleveland, il obtient l’occasion de rejoindre le jeune Kyrie Irving et de faire venir Kevin Love. Si la saison 2014-15 fut considérée comme un test avec un nouvel échec en finale, la saison 2015-16 mérite elle, une place inscrite en gras dans les livres d’histoire.
Dans la série ultime, décisive pour le titre, LeBron et ses Cavaliers retrouvent les Warriors de Stephen Curry qui sortaient de la meilleure saison régulière de toute l’histoire : 73 victoires pour 9 défaites. Autant dire que le défi était de taille. Plus épique encore, dans ce duel au meilleur des 7 matchs, Golden State prend l’avantage 3-1. Dans toute l’histoire des
NBA Finals, jamais aucune équipe n’avait remonté un tel déficit. Pourtant, lors de ce mois de juin 2016, LeBron James guide tous les Cavs dans son sillage. 41 points lors du match 5, re-41 points lors du match 6, triple-double lors du match 7 (mais aussi un contre ultra-clutch) et les
Cavaliers remportent dans des conditions uniques, le premier titre de leur histoire. Là, soyons honnêtes, ça devenait compliqué pour les haters de traiter le King de loser, au moins tout autant que pour ses fans de la première heure de le considérer comme un traître. Alors ok, certains pourront dire que les deux années suivantes, il a perdu face aux Warriors qui, mine de rien présentaient une team bien violente avec l’arrivée de Kevin Durant. Mais peu importe, l’essentiel était fait. Les Cavs avaient été titrés et LeBron pouvait cette fois-ci partir en paix.
Place désormais à la 3e phase, cette fois-ci du côté des
Los Angeles Lakers, franchise dans laquelle LeBron a choisi de signer lors de l’été 2018. Si la saison 2018-19 fut marquée par des blessures et des rumeurs de trade incessantes, c’est bien la suivante que nous retiendrons. Avec l’arrivée d'Anthony Davis dans l’effectif, l’équipe californienne traverse une saison symboliquement très marquante. Entre le décès de David Stern, celui de Kobe Bryant, la pause liée au COVID, la reprise à DisneyWorld dans une bulle et les mouvements liés aux injustices sociales, le King avait très à cœur de terminer cette campagne en apothéose. C’est ce qu’il fit et grâce à une aura et un leadership phénoménaux, il remporte son 4e titre et par la même occasion, son 4e trophée de MVP des finales. LeBron est à ce jour le seul joueur de l’histoire à cumuler ces distinctions sous trois maillots différents. Boum !
Il est loin le loser dont beaucoup parlaient en 2011 non ? Si loin qu’aujourd’hui LeBron James est considéré par certains comme le
GOAT. Okay, ce n’est pas unanime, ça se discute, mais ce qu’il faut retenir concernant LeBron, c’est que GOAT ou pas GOAT il est quoi qu’il arrive le joueur qui a le plus marqué sa génération en atteignant un niveau physique et spirituel proches de la perfection. Il est un basketteur légendaire qui clairement, à sa retraite, aura marqué la NBA de son empreinte. Alors plutôt que de s’écharper pour savoir qui est le Greatest of All-Time, les épiciers vous proposent plutôt d’user votre temps à profiter du beau jeu qu’il devrait nous proposer pendant encore quelques années. Car oui, vu le niveau physique et mental qu’il affiche encore à 35 ans, sa retraite ne semble pas près d’avoir lieu.