Bienvenue a Edgewood

Sur le refrain de "Niggas Bleed", Biggie nous rappelle que l’on est tous fait de chair et de sang, qu’il ne faut donc pas avoir peur de quelqu’un qui respire le même air que soi. L’ambigüité plane, laissant entendre qu’en disant cela il essaye de se rassurer lui-même. C’est comme si la mort planait sur lui.

Trouble fait référence à ce refrain de Biggie sur "Bussin’" « je n’ai jamais compris comment l’on pouvait avoir peur de quelqu’un qui peut saigner ». La façon dont il tourne sa phrase et dont il l’interprète ne laisse aucun doute, lui n’a vraiment peur de rien, son but est d’effrayer, de mettre la pression, et de le faire en faisant semblant de nous rassurer pour décupler l’impact de ses menaces.

Sur "Question" Trouble fait semblant de se demander ce que sont devenus Lil Scrappy, Kilo Ali, Brisco, Gorilla Zoe, Drama, Rick Ross ou Soulja Boy. En réalité, il sous entend que tous ces rappeurs sont des menteurs, que lui seul dit la vérité pour les vexer.

L’ironie est que 7 ans plus tard il pourrait refaire la chanson en se demandant ce que son devenus ses compères de l’époque, Veli Sosa, Alley Boy, Eldorado Red, pour la plupart membres, comme lui, de Duct Tape Entertainement.

Après, December 17th et 441 DAYS, Trouble continue de sortir régulièrement des albums et évolue avec le temps et les tendances. Son non-flow, un peu parlé-chanté, est devenu de plus en plus mélodique et un peu marmonné. L’apogée de cette transformation étant la chanson « Thief In The Night » en 2015 avec Young Thug.

EDGEWOOD n’est pas tout a fait une synthèse de Trouble, mais presque une version ultime et aboutie de ce qu’il a été à ses débuts il y a 7 ans.

Dans les productions on retrouve quelque chose de l’esthétique originelle de la trap music poussée à son paroxysme : minimaliste, jouant de détails et de bruitages pour nous plonger en réalité virtuelle à côté de Trouble, comme si nous l’écoutions en ASMR. On entend les pas dans l’herbe, des doigts qui tapent sur un téléphone, des basses filtrées pour donner l’impression que le rappeur est dans une pièce pendant que la production est jouée depuis une autre - le tout créant un effet de profondeur, un réalisme cinématographique.

Dans sa manière de rapper, Trouble revient à quelque chose de plus dépouillé, stoïque et articulé. Il retrouve son identité pour raconter, en le rappant à la première personne, son quartier d’Edgewood à Atlanta.

Au côté de Trouble et de Mike Will, il y a un troisième personnage clé sur cet album : Derek Schklar, surnommé le White Devil, l’ombre blanche qui plane sur Atlanta. Un type qui ne s’exprime qu’avec des citations de Dostoïevski, des psaumes de la Bible et des extraits de films en noir et blanc, un fantôme qui a insufflé l’âme de cet album.

L’esthétique noir et blanc des visuels, qu’on retrouve dans la sobriété du son, vient de son univers. Il est d’ailleurs crédité sur certains titres parce qu’il a écrit et mis en scène les passages non rappé et tout ce qui participe à l’ambiance sonore général du disque.

Les albums de ce White Devil, crédités sous le nom The Devil, Harbinger en 2013, Violence en 2014, sont des disques bruitistes, abrasifs, portés par une ambiance violente, punk, pleins des dialogues de films. Et on y retrouve des rappeurs : Alley Boy, Pesci, Big Bank Black ; dans le casting et dans l’ambiance, ce sont vraiment les points de départs, les deux démons, qui mènent à l’Edgewood de Trouble.

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