START UP NATION - EPISODE 5

Dans « Start-Up Nation » l’économiste franc-maçon Jeune Attali vous présente des entreprises montées par des rappeurs et des business adjacents au rap jeu. Le soleil étant de retour sur l'hexagone, il se permet ce mois-ci de faire un point, non pas sur le bizz d'un rappeur, mais sur la plus solide des valeurs refuge, le sexe, et son rapport puissant avec le rap game, à travers quelques histoires classiques.

Salut à tous, c'est Jeune Attali. Sur sa chanson One More Chance Notorious B.I.G. compare sa sexualité au légendaire combat de boxe qui opposa Mohammed Ali à Joe Frazier aux Philippines. Pour ceux qui n’auraient pas saisi que la référence sert à vanter l’intensité de ses performances au lit, Biggie devient plus explicite sur l’interlude qui suit le morceau. On l’y entend, lui et Lil Kim sa partenaire de l’époque, avoir un rapport sexuel extrêmement bruyant, qui ne laisse aucun doute sur la sauvagerie de leurs ébats.

L’amour physique était la seule chose qui rendait Biggie heureux, et il n’est pas le seul rappeur à avoir un rapport hors norme avec le sexe. A vrai dire, comme avec beaucoup de choses, le rap et les rappeurs sont souvent dans l’outrance totale quand il s’agit de sexualité. Il y a ceux qui en ont fait le thème privilégié de leurs albums, comme si leur vie n’était rythmée que par leurs mouvements de reins. Il y a ceux qui sont allés au bout de la croisée entre sexe et divertissement, en embrassant (au moins temporairement) des carrières dans le cinéma pornographique. Ou encore, ceux qui confessent leurs pratiques préférées et leurs fantasmes, le temps de morceaux devenus mythiques.

Désolé pour les romantiques, beaucoup des choses accouchées de l’union du rap et du sexe sont absolument dénuées de sentiments. Petit tour d’horizon des plus grands et des plus beaux obsédés du rap game.

-

« Ma femme a compris que j’étais comme un gynéco. Si je n’ai pas vu des chattes toute la journée, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas » nous rassure Uncle Luke. Il faut dire qu’il y avait de quoi s’inquiéter pour sa vie conjugale, tellement l’homme est obnubilé par la chose. Mais Luke a des circonstances atténuantes. A la fois père et enfant de la Miami Bass, il a grandi dans un milieu où la musique n’existe que pour servir de préliminaires, et où le volume ne peut être poussé qu’au maximum, afin de faire trembler la cellulite des Booty Shakeuses.

« Face à terre, cul en l’air, c’est comme ça qu’on aime baiser ! » rap en boucle Luke avec ses partenaires du groupe floridien 2 Live Crew dans les années 1980. Des titres d’albums (As Nasty As I Wanna Be) aux titres des chansons (Me So Horny) en passant par les pochettes mettant en scène les membres du groupe la tête coincée entre des paires de grosses cuisses huilées, tout l’enrobage du 2 Live Crew évoque le sexe. Mais c’est évidemment leur musique qui symbolise le mieux leur amour du coït. Bonne humeur transmise comme une MST bénigne, rythmes partouzards et textes crus, voir carrément vulgaires. Les textes sont tellement explicites que Luke fini même par avoir des problèmes avec la censure. En 1990, le gouverneur de Floride veut faire taire l’oncle obsédé, en interdisant la diffusion radio de ses titres et la vente de ses albums, qu’il trouve honteusement obscènes.

A peine quelques mois après le scandale, Luke sort Banned In The USA, album dont le single éponyme est une reprise du Born In The USA de Bruce Springsteen. On y découvre un Luke plus politisé que ne l’imaginait le gouverneur censeur de Floride. Dans l’attaque faite à ses textes, le rappeur voit un affront fait à la liberté d’expression et au sacro-saint premier amendement de la constitution américaine. Les femmes à poil sur ses pochettes et les récits libidineux de ses chansons sont brandis comme des pancartes dans une manifestation : La sexualité extraordinaire de Luke devient alors le symbole d’un combat pour la liberté de parole. Sa lutte loufoque l’emmènera jusque devant la cours suprême des Etats-Unis, où Luke ira défendre son droit à la grivoiserie et celui de tout un chacun de pouvoir crier haut et fort ce qui lui passe par la tête.

-

Le soleil californien a fait pousser des palmiers, vu grandir des centaines de rappeurs et attiré la très fructueuse industrie du film pour adultes. A Los Angeles les stars du rap et du porno habitent donc les même quartiers, perchés sur les collines luxueuses d’Hollywood. Sans surprise, les deux mondes ont été amenés à collaborer des dizaines de fois, mais la plus mémorable de ces rencontres reste celle entre les Rois de ces univers parallèles : Snoop Dogg et Larry Flint.

En 1993, Snoop Doggy Dogg débarquait chez les auditeurs de rap dans un vacarme monstre. Son premier album entièrement produit par Dr. Dre était le plus attendu de l’année. Il nous plongeait dans la moiteur de Long Beach et dans l’univers lubrique du jeune Snoop, apprenti maquereau fan de George Clinton. Le titre du disque annonçait la couleur, puisque Doggystyle est l’expression imagée qu’utilisent les américains pour désigner leur position favorite du Kâma-Sûtra.

Huit ans plus tard, Snoop Dogg est devenu une pop star. Alors, pour être sûr de ne pas se voir reproché d’avoir trop policé son image, il décide de rendre hommage à son premier album en se lançant dans une nouvelle aventure : le porno. Pour le DVD de Snoop Dogg’s Doggystyle, le rappeur est allé trouver le plus grand producteur de film porno de l’histoire, Larry Flint, patron millionnaire du groupe Hustler. A mi-chemin entre la comédie musicale Hip-Hop et l’orgie filmée, on y croise aussi bien les rappeurs Nate Dogg et XZibit que les actrices de films de charme préférées de Snoop Dogg.

Même si aucun des rappeurs présents n’ose apparaître pendant les scènes de sexe, le film est un immense succès. Et en 2001, Snoop Dogg’s Doggystyle devient le premier film estampillé « hardcore » a faire une entrée sur le bilboard vidéo aux USA. Il n’en fallait pas plus pour que la production de films porno devienne une mode dans le milieu Hip-Hop. Too Short, Necro, Tyga, Ice-T, tout récemment Young M.A. pour un porno lesbien (ou en France, Doc Gyneco) et une bonne dizaine d’autres MCs lubriques et assez allumés pour tenter l’affaire, ont ainsi emboité le pas de Snoop. Quant à ce dernier, il a bien évidemment offert une séquelle démesurée à son film : Dans Snoop Dogg’s Hustlaz l’année suivante, il invite plus de quarante pornstars pour réitérer les exploits commerciaux du premier volet.

-

Il est souvent reproché aux milieux du rap et du cinéma porno d’être majoritairement misogynes. Il est vrai que les femmes y sont souvent réduites à leurs attributs sexuelles, et utilisées simplement pour provoquer le plaisir masculin. Et s’il y avait des exceptions ? Il y a en tout cas un rappeur qui a provoqué quelques débats sur la question. Certes, son plus gros succès s’appelle Lollipop, et est une longue métaphore où son sexe se transforme en sucette pour symboliser son amour de la fellation... Mais avec les années, Lil’ Wayne, parce qu’il s’agit bien du prince de New Orleans, a développé une étrange obsession pour le plaisir féminin. Sur Every Girl, il compare les vagins à des filets mignons, embrasse les « autres lèvres » sur The Motto, dévore des « tartes à la culotte » sur Yes, ou aime se faire appeler le Pussy Monster. Et l’on pourrait continuer d’énumérer longtemps les exemples imagés et olfactifs tirés de sa discographie qui, en un mot, témoignent de son amour sincère et démesuré pour le cunnilingus. Donner du plaisir aux femmes avec sa langue est devenu, de loin, le sujet le plus abordé dans ses textes. Alors, en mettant la jouissance féminine au cœur de son œuvre, Lil Wayne est-il devenu un rappeur féministe ? Bon, pour être honnête, probablement que non.

-

Les mieux placées pour parler de la sexualité des femmes dans le rap, ce sont évidemment les rappeuses. Dans la course au plus trash, certaines vont d’ailleurs beaucoup plus loin que leurs homologues masculins. Il y a quelques années, Nicki Minaj choquait (ou faisait rire, au choix) avec son titre Truffle Butter. A quoi fait-elle référence quand elle parle de ce fameux « beurre aux truffes » ? Laissons à votre imagination ou à votre curiosité le droit de répondre à cette question. Âmes sensibles, s’abstenir.

Pour ce qui est de défendre le plaisir féminin, c’est Missy Elliott qui a fourni le meilleur effort. Epaulée par son ami et producteur Timbaland, elle avait en 2001 crucifié les éjaculateurs précoces sur le single One Minute Man. Il faut prendre son temps pour satisfaire Missy, heureusement Ludacris confesse sur le morceau pouvoir tenir toute la nuit, pendant que la rappeuse Trina s’amuse à compter les heures pour mettre une pression supplémentaire à ceux qui ont tendance à dégainer trop vite.

-

Essayons de conclure sur une note de douceur avec les belles de Salt-N-Pepa. Sur Let’s Talk About Sex en 1990, le trio du Queens nous invite à lever les tabous et à discuter ouvertement des bons et des mauvais côtés du sexe. Il faut dire qu’à l’époque l’Amérique a du mal à dire les choses franchement. Salt et Pepa rappent leur étonnement de voir les discussions sur le sexe censurées dans les médias mainstream, et parfois éludées dans les campagnes de préventions trop prudes contre des MST. Leur single devient l’hymne du « safe sex », si bien qu’un remix intitulé Let’s Talk About AIDS est enregistré et utilisé dans les campagnes de sensibilisation au sida. Le message est bien passé, si vous avez l’intention d’avoir la vie sexuelle débridée d’un rappeur, n’oubliez pas de vous protéger !

C’était Jeune Attali pour « Start-Up Nation » à bientôt pour un prochain épisode. Blrrrup.

En poursuivant sur ce site, vous acceptez l'utilisation de Cookies pour vous actualiser votre panier et réaliser des statistiques de visites.

En savoir plus
J'accepte
Produit ajouté au comparateur