Le retour de Fat Trel

Dans le nord-est de Washingon D.C., Fat Trel est connu pour trainer dans les soirées de Benning Road, torse nu, le corps tatoué et déformés par ses excès. Comme un gaucher balle au pied, il transforme ses défauts (de prononciation) en armes. Grâce à son accent qui déforme une consonne sur deux en « urr » il avale ses syllabes comme le Cookie Monster. Son débit ininterrompu et tout en allitérations désarticulées imbibe les productions comme du slime. Mais l’ectoplasme que Fat Gleesh laisse partout derrière lui n’a rien à voir avec celui des chasseurs de fantômes, c’est une mixture de champagne et de cyprine, de sueur et de sang. S’il a plus de baby mamas que de disques d’or, c’est évidemment à cause de cette vie de rock star décadente.

Pourtant, il fait parti de ceux qui, avec Lil Durk à Chicago notamment, ont fait évoluer tout un pan du rap. Avec des titres comme Niggaz Dying en 2013, il mélange trap music, auto tune et nappes atmosphériques, pour donner naissance à ce rap de rue aérien et plein de spleen qui va conquérir le Monde, et la France en particulier via PNL.

Récemment sorti de prison, Fat Trel prépare une mixtape intitulée Finally Free, dont l’un des premiers extraits clippés, Low Life, laisse entendre un retour à ce rap brut et mélancolique.

Après un passage éclaire chez No Limit Records, Fat Trel a rejoint Maybach Music Group. Depuis sa signature il y a cinq ans, il n’a toujours pas sorti d’album studio car sa présence sur le label semble avoir un tout autre intérêt. Populaire à Washington D.C., il y est VRP de luxe pour les marques de Rick Ross. En fin business man, ce dernier s’est offert un relais direct avec les rues du D.M.V., dont la population majoritairement afro-américaine correspond au cœur de cible de ses produits. Abreuvé gratuitement en bouteilles de Belaire et en repas Wingstop, Fat Trel s’empâte et s’enrichi tout en offrant gracieusement ses chansons violentes et dégueulasses. Sur la très bonne mixtape Fat & Ugly, Trel échange les jabs croisés et les ailerons de poulet avec Yowda, une autre signature fantôme qui exporte les produits MMG à Las Vegas. Espérons que son heure vienne enfin, qu'il profite par exemple du récent succès de son voisin Shy Glizzy, avec qui il vient d'enterrer la hache de guerre.

illustration : Hector de la Vallée

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