Berner Feel The Bern

Quand sort le premier Drought Season en 2008, les réactions sont terribles. Des internautes, sur le forum Siccness notamment, s'échangent des versions où tous les couplets de Berner ont été retiré pour que l'album ne soit qu'un solo de The Jacka. Depuis, une drôle de réputation lui colle à la peau, celle d'un rappeur si mauvais que même les meilleures productions et les plus prestigieux invités ne peuvent le rendre acceptable.

Pourtant, avec Cozmo et Goblin, Berner est servi en bandes sons de grande qualité, notamment grâce à une sélection de samples qui confine au hip-hop fan service. Côté guests, Berner a une des listes de collaborateurs les plus impressionnantes de l'histoire, ayant rappé avec la plupart des grandes figures de sa région (The Jacka, Mistah F.A.B., Rappin' 4 Tay, Ray Luv, Dru Down, Nickatina, E-40, Too $hort, Yukmouth, San Quinn, Messy Marv, C-Bo, Husalah, Mac Dre, etc.) et un casting cinq étoiles de légendes (Scarface, B-Real, Cam'Ron, Styles P, Snoop, Ampichino, Cormega, Paul Wall, Devin The Dude, Twista, Trae, Juicy J, Project Pat, Pusha T, etc.).

Feel The Bern est une compilation de 15 titres éparpillés le long de la carrière de Berner, qui prouve plusieurs choses. D'abord, que ce qu'on raconte sur le choix de ses productions et sur ses invités est vrai. De ce côté là, le boss de Cookies n'a rien à envier aux French Montanas et autres Rick Rosses. Ce que cette compilation démontre également c'est que Berner est un peu plus qu'un directeur artistique qui prend plaisir à rapper.

Entre deux récits d'une vie fantasmée d'importateur de poudre, Berner décrit, sans détour ni fioriture, toutes les balises qui jalonnent sont parcours. Ses petites victoires, comme entrepreneur ou père d’une petite fille, et ses grandes peines et défaites. Sur ses premières chansons il ressasse la déception infligée à ses parents après qu’il ait abandonné l’école, alors qu’eux triment comme des bêtes. D’après lui, sa mère est la plus affectée, surtout quand il fricote avec l’illégalité pendant l’adolescence. Berner pense que c’est de ce mauvais sang que nait le cancer de sa mère, qui l’emportera quelques mois plus tard.

Quand a la fin de Murals démarre Changes et son sample d’Elie Gouding, l’histoire de Berner défile sous nos yeux : le weed game, la naissance de sa fille, le jour où sa mère est morte dans ses bras, sa rencontre avec Wiz Khalifa, sa villa pleine de chambres, la disparition de Jacka. Berner met toute sa vie et son âme dans ce couplet, et parfois on ne demande rien de plus à un artiste.

Entre fantasme de grand bandit et vie quotidienne, rêve américain et cauchemars personnels, délires chanvrés et paranoïa, aquariums de poissons et de fumée, hédonisme et entreprenariat, références pointues et hommages au rap, l’histoire de Berner est celle d’un homme presque normal devenu géant vert, résumée par les 15 titres de cette compilation dont il est le héros.


illustration : Ivan LaVague

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